Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La prière a rendu pure son âme forte ;
D’un morceau de pain noir il a fait son repas ;
De l’antique logis ouvrant l’étroite porte,
À présent vers l’étable il dirige ses pas.

Les grands bœufs, à genoux au milieu de la crèche,
Mêlaient aux bruits de l’air leur long mugissement ;
Il pose devant eux l’herbe tendre & l’eau fraîche,
Puis il lie à leur front le joug solidement.

Il les conduit alors à la dure journée,
Et, pendant qu’il chemine, il chante un gai refrain ;
Et la charrue, avant que l’aube ne soit née,
A plongé dans le sol son éperon d’airain.

Le pauvre paysan poursuit sa tâche austère
Sous les pleurs du matin & sous le froid brouillard ;
Mais qu’importe ? le soc aigu fouille la terre
Où la blonde moisson ondulera plus tard.