Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/95

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Elle ne rompt pas sous la charge,
Bien que déjà ses flancs ouverts
Sentent leur blessure plus large
Et soient tout criblés par les vers ;

Par une force qu’on ignore,
Rassemblant ses derniers morceaux,
Le chêne au grand cœur tient encore
Sous la cadence des berceaux ;

Mais les enfants croissent en âge,
Déjà la poutre plie un peu ;
Elle cédera davantage ;
Les ingrats la mettront au feu…

Et, quand ils l’auront consumée,
Le souvenir de son bienfait
S’envolera dans sa fumée ;
Elle aura péri tout à fait,

Dans ses restes de toutes sortes,
Éparse sous mille autres noms,
Bien morte, car les choses mortes
Ne laissent pas de rejetons ;

Comme les servantes usées
S’éteignent dans l’isolement,
Les choses tombent méprisées
Et finissent entièrement.