Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/133

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Je savais, voyageur qui portes mon amour,
Qu’il me serait donné, le jour de ton retour.
L’espérance habitait ma poitrine fidèle.
Viens ! je te vais conduire à ma mère et, près d’elle
Qui, triste, fait rouler la laine en écheveaux,
Hôte du vieux foyer, tu diras tes travaux.
Un mal courbe ma mère et lui brûle le foie.

HIPPIAS.

Tous nos jours sont mêlés de douleur et de joie.
Tes chagrins sont les miens ; mais malgré ton accueil,
Je ne franchirai pas les dalles de ton seuil.
Vois : ce large chapeau noué contre la brise,
Cette ceinture étroite à ma tunique grise,
Ces guêtres à mes pieds, ce bâton à ma main
Sont d’un homme pressé de suivre son chemin.
Mon navire, parti de mon île natale,
Par l’ordre paternel, vers l’onde occidentale,
Au fond du port déjà tourne son éperon.
Comme l’outre d’eau fraîche occupait le patron,
Je suis venu. Je pars : avec l’aile des voiles,
Gagnant la haute mer au retour des étoiles,
Sous leur chœur révéré qui me protégera,
Je vais vendre à Pœstum les vins noirs de Théra.

DAPHNÉ.

Oh ! ne me quitte pas encor : cette heure est belle.
Reste : la mer est vaste et l’absence est cruelle.

HIPPIAS.

Je venais, j’espérais, de ce sentier obscur,