Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/143

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Fiancée, ayant mis au doigt l’anneau d’or fin,
Belle, et le front voilé pour les noces sans fin.

DAPHNÉ.

Romps ce vœu sacrilége, ô ma mère, délie
Ton enfant qui t’adjure et pleure et te supplie
Afin de n’être pas prise éternellement
Dans le réseau d’un vœu sans accomplissement.
Hâte-toi ! romps ce vœu, de crainte que j’expie
Par ma perte et la tienne une parole impie.
Souviens-toi, souviens-toi de ce que j’ai promis,
Devant mon père auguste, au plus cher des amis.
Mère, ne livre pas mon innocente vie
Au spectre du remords qui suit la foi trahie.
Mère, vois cet anneau fidèle entre mes doigts !
Il est un fils d’Adam, mère, à qui je me dois.
J’ai juré qu’Hippias délierait ma ceinture.

KALLISTA.

Nous devons tout à Dieu, rien à la créature.

DAPHNÉ.

Si tu m’aimes…

KALLISTA.

Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu.

DAPHNÉ.

Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu. Mère, entends-moi.
Arrache le filet de remords et d’effroi,
Le filet de ton vœu qui m’a prise : délivre,
Délivre-moi ! Je veux respirer, je veux vivre !