Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/213

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Il chante les eaux diaphanes
Où le ciel aime à se mirer ;
Il chante…, et l’oiseau des savanes
Se tait, blotti dans les lianes,
Pour mieux l’entendre et l’admirer.

Hélas ! sous ce climat de flamme,
Éperdu, d’accord en accord
De sa fièvre épuisant la gamme,
Dans sa voix exhalant son âme,
Parmi les fleurs il tomba mort !

Il était né sous le grand chêne,
Dans un buisson de frais lilas.
Le flot des jours au loin l’entraîne.
La mort dans une île africaine,
Noir vautour, l’attendait, hélas !

Près de la Source aux blocs de lave
Repose en paix, roi des chanteurs !
Dans ce lieu sauvage et suave,
Toi qui ne sus pas être esclave,
Repose libre au sein des fleurs !

Instinct natal ! ô loi première !
Que cher à tout être à l’endroit
Où s’ouvrit au jour sa paupière !
Le rossignol meurt de lumière,
Le bengali mourut de froid.