Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/234

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Pour les happer d’un coup de ses larges mâchoires.
Voyez ! songez combien les choses valent peu
Pour qui vous encourez l’inextinguible feu
Outre le désespoir des minutes prochaines.
Mais vous n’endurez point le doux poids de nos chaînes ;
Frère, l’humilité n’est pas votre vertu.
Vous étiez colérique, indocile, têtu,
Téméraire, offensant par vos actes et gestes
Notre maison pieuse et vos patrons célestes
Et vous multipliant en exemples malsains.
Le mal était fort grand. Il est pire. Les Saints,
Voyant la discipline à ce point amoindrie
Et que l’agneau galeux souille la bergerie,
S’en irritent. Voici l’heure du châtiment.
Cette tâche est amère et lourde assurément
Pour mon insuffisance et ma décrépitude ;
Mais ma force est en Dieu, si le labeur est rude
Et le salut final du pécheur fort chanceux
Sinon désespéré. Mon frère, étant de ceux
Qui raillent la douceur et la miséricorde,
Vous serez éprouvé par le jeûne et la corde ;
D’après le monitoire et les canons anciens,
Vous vivrez du rebut des pourceaux et des chiens,
Vous dormirez, couché sur des pierres très-dures,
Au fond de l’In-pace, dans vos propres ordures,
Macérant votre chair et domptant votre esprit ;
Et lorsque vous rendrez l’âme, à l’instant prescrit,
Du moins, les Bienheureux l’attestent, ira-t-elle
S’ébattre, blanche et pure, en sa gloire immortelle,