Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/244

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De l’autre, pour l’Église et pour Dieu, sans repos,
Combattez au soleil le Diable et ses suppôts. —

Sur ce, le vieil Abbé se leva de sa chaire :

— C’est assez de démence. Endossez votre haire,
Bouclez votre cilice et rentrez dans la nuit.
Si l’esprit d’imprudence et d’orgueil vous y suit,
Vous y combattrez mieux le démon qui vous navre,
Et nous prîrons pour l’âme au sortir du cadavre,
Car vous avez menti, si vous n’avez rêvé.
Or, le mensonge est dit, le rêve est achevé.
Descendu tout au fond de la chute effroyable,
Vous connaîtrez bientôt l’illusion du Diable ;
Nous vous affranchirons de ses fers mal scellés.
Silence ! Qu’on le mène aux ténèbres. Allez ! —

Mais le Moine arracha de sa robe entr’ouverte
Le parchemin fatal scellé de cire verte,
Le déroula d’un geste impérieux, tendit
La droite, et d’une voix dure et hautaine, dit :

— Tu t’abuses, vieillard, et tu tombes au piége.
Je suis légat du Pape et l’élu du Saint-Siége.
Voici le Bref signé d’Innocent. N’as-tu point
Pressenti que j’avais les deux glaives au poing ?
Or, je vais dissiper ta cécité profonde.
Éveille-toi, vieillard, ouvre les yeux au monde :
Voici le Bref papal ! Écoute. Tu n’es plus