Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/248

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Tandis qu’à son réveil, la brise du matin
S’y complaît à rhythmer, comme un orgue lointain,
En sons religieux ses plus graves murmures.

Sous des vents réguliers pour le navigateur,
Nous changerons de ciel en coupant l’Équateur.
Nous doublerons le Cap avec toutes nos voiles ;
Et, dans la nuit sereine, au large, on pourra voir
La Croix du Sud jaillir de l’immense miroir
De la mer,… où rayonne un crucifix d’étoiles.

Nous partirons en mai, quand les arbres sont verts. »
Mais les printemps s’en vont, ainsi que les hivers,
Et le départ s’ajourne. — Un soir on se marie.
On fait en souriant l’heureux nid conjugal,
Et l’homme aux grands projets reste au pays natal,
Penché sur le berceau de Paul ou de Marie.

Dans l’oubli de soi-même, on écoute, penseur,
Et l’oreille charmée, un vieux refrain berceur
Qu’à ses beaux endormis chante la jeune mère.
A cette voix émue, au timbre musical,
Cadencée en sourdine,… on est patriarcal
Comme aux temps merveilleux de la Bible et d’Homère.