Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/348

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A l’appel caressant du sourire royal,
Avec ses nobles gens, avec son amiral,
Ses scribes, ses prêcheurs et toute sa canaille
De meurt-de-faim, de va-nu-pieds, de rien qui vaille,
Niant Dieu, polluant les images des Saints…
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je dirai la Révolte, avec son Populaire
Reniflant la bêtise et râlant la colère,
Et pullulant en noirs assauts tumultueux :
— Meutes de paysans, Croquants du midi, Gueux
Hollandais, tous brigands guidés par leurs ministres
Pâles, roides et noirs, hâves pédants sinistres,
S’entassant en orage autour des hauts châteaux ;
Grondant au fond des bois avec le bruit des eaux
Qui d’un bond furieux ont emporté leurs digues ;
Ou, renards efflanqués, rôdant par leurs garrigues
Qu’un vorace soleil ronge jusqu’au rocher,
Morne désert livide où l’on voit s’attacher
La lèpre opiniâtre et rousse des yeuses :
Je dirai ces pays de Languedoc, — joyeuses
Revanches de Jésus contre un peuple entêté,
Qui fut vaincu toujours et toujours indompté,
Et qui menace encor, même à l’heure où nous sommes !
— Rasés d’arbres, rasés de villes, rases d’hommes,
Et charnier, encombré de débris, pourrissant,
Infect, dans des odeurs d’incendie et de sang !

— : Soyez mes avocats aux Assises divines,
Mes bras, qui prîtes part à ces belles ruines !