Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/351

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Ni de fatigues, ni du sang chaud de leurs veines,
Pour venger votre Chair consacrée, où voulut
Naître et mourir Celui qui fut notre Salut !
C’est l’exquise vertu, dont votre Lys mystique
Parfume en tous ses plis votre chaste tunique,
Qui mène à leur Espoir vos fidèles servants !
Elle nous acénait dans les rameaux fervents
De la forêt sonore, où les sombres pinèdes
Dressaient, drus et pressés, leurs arbres aux fûts raides,
Odorants, et remplis d’un souffle qui chantait !
Nous sortîmes enfin du bois : — l’aube montait,
S’étalant dans le ciel, envahi sans secousse,
Vague, et noyée encore en une écume rousse.
— Murles ! Murles, là-bas ; et voici qu’au dessus,
Vers la droite, colosse aux vieux membres ossus,
Étirant, sur un mont, ses murailles brutales,
Et l’orgueil crénelé de ses tours féodales,
Brusquement délabré par un assaut récent,
Un Château qui semblait veuf de son Maître absent,
Souleva devant nous sa masse, où les épreuves
Guerrières s’attestaient par cent blessures neuves !
Nous courons tôt-battant au gîte enfin trouvé ;
Et nous l’eûmes meilleur que nous n’avions rêvé,
Ne nous ayant coûté que d’entrer pour le prendre !
Certe, ils l’avaient surpris, sans qu’il pût se défendre,
Ceux qui l’avaient, avec tant de haine, navré !
Grand vaincu, tout poissé de sang, défiguré
Du noir baiser de la fumée, et qui t’ennuies
Des taches, dont le vil ruissellement des pluies