Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/440

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En un recoin fleuri de la terre bressanne
Où de mon lit, du moins, je verrais quelquefois
Le matin se lever, rose, au-dessus des bois.
Là mes jours s’en iraient à la bonne franquette.
Peu de soucis au cœur, pas de sotte étiquette,
Mais un enchantement toujours jeune et nouveau.
Vêtu du sarreau bleu, coiffé du grand chapeau,
Parmi les paysans, je vivrais comme un sage,
Attrapant chaque jour une rime au passage.
Et que d’humbles plaisirs, antiques mais permis,
Dont je ne parle pas ! Avec de bons amis,
Tous au même soleil, comme on serait à l’aise !
Le soir, sous la tonnelle on porterait sa chaise ;
Bientôt le petit vin de Bresse interviendrait,
Bavard comme toujours et toujours guilleret ;
Puis à la nuit, chacun rêvant de sa chacune,
On fumerait sa pipe, en regardant la lune.
Ainsi je vieillirais et j’attendrais mon tour,
A ne jamais rien faire occupé tout le jour.
Je n’en demanderais, ma foi, pas davantage ;
Mais s’il venait, rêveuse, un soir à l’ermitage
Quelque fillette blonde avec de jolis yeux,
Pour la bien recevoir on ferait de son mieux.