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ROBERT DE BONNIÈRES

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SONNETS RUSSES

L’ATAMAN COSAQUE


Chargé des armes d’or d’un heiduque abattu,
Klibb descend au Dnieper, et sa jument sauvage
Dans l’eau jusqu’au poitrail boit le fougueux breuvage.
Lui se mire au kandjar que le Turc avait eu.

Une fille au beau corps étroitement vêtu,
Prise dans Andrinople et réduite en servage,
Dans la cruche de grès vient puiser au rivage :
Ses yeux d’un philtre grec ont la prompte vertu.

Dans la pourpre du soir, loin de la fille hellène,
Le jeune ataman fuit tout doré dans la plaine :
Il voit les feux du camp paisible au loin fumer.

Comme un libre étalon qu’indignent les entraves,
Il sait pour être fort qu’il ne faut point aimer,
Et qu’une faible enfant peut perdre les plus braves.