Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/93

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Et se laissa par ses fillettes embrasser.
Après avoir eu soin de le débarrasser,
Toutes trois à la fois lui tirent des demandes ;
Et lui, donnant déjà le bras aux deux plus grandes.
Semblait se dire, heureux : C’est à moi, tout cela !

Sur un coup de sifflet, notre train s ébranla.

Et, rêveur, je songeais, en poursuivant ma route :
— Bonne et simple famille ! Ils habitent sans doute
Un des chalets qu’on voit sur ce coteau boisé.
Le père est, à coup sûr, un commerçant aisé.
Ils demeurent ici la moitié de l’année
Et pensent qu’il est temps de pourvoir leur aînée.
Ce serait le bonheur pourtant si l’on voulait.
Le dimanche, en été, l’on irait au chalet
Par le chemin de fer, en fumant un cigare ;
Tout le monde viendrait vous attendre à la gare ;
On serait accueilli par leurs rires amis
Et pour le déjeuner le couvert serait mis
Dans l’intime jardin, sur la fraîche pelouse.
Pour mettre un vieux chapeau de paille et quelque blouse
On passerait d’abord dans le petit salon ;
Puis, tandis que la bonne apporte le melon
Et que le père prend le panier à bouteilles,
On courrait, du côté du fruitier et des treilles,
Emportant à deux mains des assiettes à fleurs,
Avec sa fiancée et les petites sœurs
Qui vous lancent parfois une phrase maligne,