Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/62

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De vos appas ; & trompant nos deſirs
Il tient la clef du ſéjour des plaiſirs.
Pour éclaircir ce douleureux miſtere
D’un peu plus haut reprenons cette affaire.

Vous connoiſſez la Déeſſe Cérès.
Or, en ſon temps Cérès eut une fille,
Semblable à vous, à vos ſcrupules près,
Brune, piquante, honneur de ſa famille,
Tendre ſur-tout, & menant à ſa cour
L’aveugle enfant que l’on appelle Amour.
Un autre aveugle, hélas ! bien moins aimable,
Le triſte Hymen la traita comme vous.
Le vieux Pluton, riche autant qu’haiſſable,
Dans les Enfers fut ſon indigne Époux :
Il étoit Dieu, mais avare & jaloux ;
Il fut Cocu ; car c’étoit la juſtice.
Pirrithous, ſon fortuné rival,
Beau, jeune, adroit, complaiſant, libéral,
Au Dieu Pluton donna le bénéfice
De Cocuage. Or ne demandez pas
Comment un homme avant ſa derniere heure
Peut pénétrer dans la ſombre demeure.
Cet homme aimoit, l’amour guida ſes pas :
Mais aux Enfers, comme aux lieux où vous êtes,
Voyez qu’il eſt peu d’intrigues ſecretes !
De ſa chaudière un traître d’eſpion