Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/71

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Des miſteres ſecrets des plus tendres amours,
Tracent modeſtement les plus vives images,
C’eſt à votre art divin, Muſes, que j’ai recours ;
Titon va recouvrer l’éclat de ſes beaux jours,
Il aime, il eſt aimé : quels tranſports vont remaître
Ô Muſe, hélas ! dans un inſtant peut-être
J’aurai beſoin de tout votre ſecours ;
Déjà la char porté d’une vîteſſe extrême,
A ramené l’Aurore auprès de ce qu’elle aime.

À ſes premiers regards, changement fortuné !
Des ans qui l’accabloient il n’a plus la foibleſſe,
Que dis-je ? cet amant à quinze ans ramené,
Brûle de nouveaux feux, tranſporté d’allègreſſe,
Reprend les agrémens que l’âge avoit ternis.
Quel retour ? quel moment pour deux cœurs bien unis !
Il tombe à ſes genoux, vainement la Déeſſe
Sur le ſort qu’il attend voudroit le prévenir ;
Un oracle… écoutez… elle ne peut finir,
Par cent mille baiſers il l’interrompt ſans ceſſe,
Et comment réſiſter long-tems ?
Quand le cœur eſt d’intelligence
L’amour, le tendre amour, emporte la balance ;
Tithon obtient un luſtre, & ſe trouve à vingt ans ;
Peut-etre qu’à préſent vous daignerez m’entendre,
Dit enfin la Déeſſe, empreſſement trop tendre !