Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


  1. Tous ces fameux traisneurs d’espées,
    Tous ces illustres champions,
    Ces Cesars, et ces Scipions,
    Ces Alexandres, et ces Pompées,
    Ces grands Soldats et ces grands Rois,
    Bravèrent la mort autrefois
    Par une valeur sans seconde ;
    Mais la Mort enfin les brava :
    Que de mal pour mourir au monde,
    Et ne sçavoir pas où l’on va !




    les charniers saint-innocent.

  2. C’est assez, Madame Morale,
    Dans le mal comme dans le bien,
    Tous les excez ne valent rien,
    Trop de vertu porte scandale.
    Passons dedans ces vieux charniers[1],
    C’est-à-dire sous les greniers
    De ces reliques mortuaires ;
    Et dans ces différents objets,
    Nous prouverons les loix contraires[2]
    Où tous les mortels sont sujets.




  3. Les plaisantes Tapisseries
    De carte et de papier noircy[3] !
    Que de choses en raccourcy[4]
    Dessous ces sombres galleries !
    Que d’estampes et de dessins[5],
    De grands Seigneurs, de petits Saints,
  1. Les Charniers, qu’on appelait aussi galetas, formaient une galerie voûtée, basse et humide ; ces arcades gothiques, ouvertes du côté du cimetière, avaient été ouvertes successivement vers la fin du xive siècle, aux frais de quelques personnes pieuses, entre autres le maréchal de Boucicaut et Nicolas Flamel. Cette galerie, percée de tombeaux, tapissée d’épitaphes, était encombrée d’échoppes de lingères, de modistes, de marchands d’estampes et d’écrivains publics (P. L.).
  2. Var. de 1672 : Nous trouverons des loix contraires.
  3. L’auteur parle dos tailles-douces, et autres sortes de papier qu’on y vend, surtout des Portraits de la famille royale et autres personnes de la première qualité (de Bl.).
  4. Var. de 1672 : Que les cy-gist ont l’air transy.
  5. Id. : Que de tombes, que de dessins.