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- Qui t’a tant donné dans la veuë ?
- Que dis-tu de cet obelisque,
Qui prend plaisir à se courber,
Et qui fait semblant de tomber,
Pour n’en point tant courir de risque ?
Mais qui diable a mandé ces fous ?
Chacun s’attroupe autour de nous,
Et s’entreregarde au visage[2].
Sautons ces degrez en trois sauts[3] :
Si nous restons là d’avantage,
On nous prendra pour des badauts[4].
le palais.
- Palais de la Reyne chicane
Et du Roy des fesse-cahiers,
Archives de vieux Plaidoyers,
Porche où piaffe la soutane ;
Que de pancartes et de sacs,
Que d’étiquettes d’almanachs,
Que de grimoires sur ces tables[5] !
Je croy que c’est sur ces placets,
Qu’on sacrifie à tous les diables,
Pour l’éternité des procez[6].
Vois comme il reluit au Soleil,
Et comme il rit dedans la nuë
D’estre comme luy sans pareil[1].
- ↑ Var. de 1672 : D’estre comme il est sans pareil.
- ↑ Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donnait : Et l’autre regarde au visage ; var. ms. : En se regardant au visage.
- ↑ Var. de 1672 : Comptons ces degrez en trois sauts. — Les degrez, c’est le grand escalier par lequel on monte au Palais et auprès duquel il se trouve toujours beaucoup de monde qui s’attroupe pour la moindre bagatelle (de Bl.).
- ↑ Note de 1668 : Les badauts qui s’assemblent à l’enlour d’un homme aussitost qu’il s’arreste en quelque lieu.
- ↑ Var. de 1672 : Que d’étiquettes sur ces tables.
- ↑ Ce n’est pas seulement en France qu’on se plaint de l’éternité des procès. Il en est de même presque par toute l’Europe, surtout en Angleterre dans la Chancellerie. Il n’y a qu’en Danemarck où les procès ne durent qu’un an, quoi qu’en ait voulu dire le malin auteur de l’Estat du Danemarc (de Bl).