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désordre (§ 7) ; mais il se distingue en outre par certaines particularités qui ne s’étaient jamais présentées dans notre histoire. La corruption, qui, sous les derniers Valois (§ 15) et sous l’ancien régime en décadence (§ 17), ne s’était point étendue au delà des courtisans et des classes riches, a pénétré, depuis le régime de la Terreur, parmi les populations vouées aux travaux usuels. Cette nouveauté prend chaque jour des caractères plus redoutables ; car, tandis que l’élite des classes supérieures commence à revenir au bien, les couches inférieures de la nation se laissent plus que jamais envahir par le mal[1]. La corruption n’a pas changé de nature, mais elle s’exerce dans des milieux nouveaux ; et il est aisé de voir que, dans les conditions actuelles, la réforme ne sera plus aussi facile qu’elle le fut au XVIIe siècle (§ 16).

  1. Je ne reproduirai point ici l’énumération des maux de toute sorte qui pèsent aujourd’hui sur le personnel des ateliers de l’Occident et spécialement sur les classes ouvrières. Ces faits ont reçu depuis longtemps une grande publicité : en Angleterre, par les enquêtes parlementaires ; en France, par les ouvrages de MM. Villermé, A. Blanqui, Louis Reybaud, Jules Simon et autres écrivains habiles. Admettant que l’état de maladie est suffisamment connu par ces travaux, je me suis spécialement appliqué à connaître l’organisation qui a conservé l’état de santé dans certains ateliers, les causes qui ont fait naître le mal dans beaucoup d’autres, puis les remèdes qui y ont été employés avec succès. Les chapitres II, III et IV donnent successivement le précis de ces trois groupes de recherches : mon plan m’amène donc à insister ici sur l’origine du mal plutôt que sur le détail des misères sociales, qui semblent être suffisamment décrites.