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ment[1], remplit le rôle de premier ministre. Il est dirigé, sous la haute impulsion de ce dernier, par un ministre spécial et par des hauts fonctionnaires dont quelques-uns, inamovibles en fait, possèdent l’ascendant propre aux magistrats[2]. Il centralise énergiquement toutes les recettes ; il contrôle, ordonnance et paie les dépenses de tous les services. À cet égard, la France s’écarte encore complètement de la pratique des peuples prospères. Elle présente donc, dans les trois principales régions de l’administration publique, trois vices essentiels : dans le gouvernement local, la centralisation abusive de l’État (§ 68) ; dans la province, l’absence des institutions les plus nécessaires ; dans le gouvernement central, un éparpillement de pouvoirs qui est incompatible avec le bon ordre des finances.

Le service ayant pour objet la force publique s’approche d’autant plus de la perfection qu’il est plus simple et moins coûteux. Il offre ces caractères chez les peuples où règne l’harmonie

  1. En Angleterre, le ministre dirigeant s’appelle toujours le premier lord de la trésorerie. En France, sous l’ancien régime, la situation analogue a été parfois occupée par le contrôleur général des finances.
  2. En Angleterre, un de ces fonctionnaires, le comptroller general, reçoit une dotation de 50,000 fr., et il ne peut être révoqué que sur la demande expresse des deux chambres du Parlement. (La Réforme sociale, t. III, p. 203.)