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hommes apportant dans ce milieu corrompu les sentiments, les idées et les pratiques d’une race supérieure. Ils ont usé, dans l’intérêt de tous, d’une autorité absolue pour réprimer les manifestations du mal et prescrire la pratique du bien. À cet effet ils ont d’abord inculqué aux esprits cette notion de Dieu et du Décalogue, sans laquelle l’homme n’a jamais pu entrevoir une destinée plus haute que celle de la brute. Ils ont interdit la promiscuité des sexes, restauré le mariage et relevé la famille. Enfin, dans la famille fécondée par la religion, ils ont déposé les forces qui devaient produire, à l’aide du temps, l’amélioration plus complète de la race.

Chez les peuples élevés au plus haut degré de perfection, on a toujours constaté l’ordre de choses opposé. L’œuvre de perfectionnement se conserve ou se continue sous un régime de liberté[1]. La

  1. L’Organisation du travail, p. 34 et 342. Le régime de liberté, sous ses nombreuses nuances, pour caractère distinctif la pratique de la loi morale inculquée aux individus par le père de famille agissant en vertu de ses devoirs naturels et de la coutume. Je le nomme ainsi pour me conformer à la préoccupation dominante de mes concitoyens ; mais je pourrais l’appeler plus exactement la coaction paternelle. C’est le système social d’Abraham et des peuples pasteurs de tous les temps ; il est presque intact dans les provinces basques et les petits cantons suisses ; il conserve encore leur principale force aux constitutions des Scandinaves, des Allemands, des Anglo-Saxons et des Franco-Canadiens. (L’Organisation du Travail, § 70.)