Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/174

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« Seigneurs, j’ai reçu ce bref. Je suis roi sur vous et vous êtes mes féaux. Écoutez les choses qui me sont mandées ; puis, conseillez-moi, je vous en requiers, puisque vous me devez le conseil. »

Le chapelain se leva, délia le bref de ses deux mains, et, debout devant le roi :

« Seigneurs, dit-il, Tristan mande d’abord salut et amour au roi et à toute sa baronnie. « Roi, ajoute-t-il, quand j’ai eu tué le dragon et que j’eus conquis la fille du roi d’Irlande, c’est à moi qu’elle fut donnée ; j’étais maître de la garder, mais je ne l’ai point voulu : je l’ai amenée en votre contrée et vous l’ai livrée. Pourtant, à peine l’aviez-vous prise pour femme, des félons vous firent accroire leurs mensonges. En votre colère, bel oncle, mon seigneur, vous avez voulu nous faire brûler sans jugement. Mais Dieu a été pris de compassion : nous l’avons supplié, il a sauvé la reine, et ce fut justice ; moi aussi, en me précipitant d’un rocher élevé, j’échappai, par la puissance de Dieu. Qu’ai-je fait