Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/200

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forestier, et le repos d’Iseut. Certes, il fallait partir, et c’est pour la dernière fois, sous sa robe de pèlerin, à la Blanche-Lande, qu’il avait senti le beau corps d’Iseut frémir entre ses bras.

Trois jours encore, il tarda, ne pouvant se déprendre du pays où vivait la reine. Mais quand vint le quatrième jour, il prit congé du forestier qui l’avait hébergé et dit à Gorvenal :

« Beau maître, voici l’heure du long départ : nous irons vers la terre de Galles. »

Ils se mirent à la voie, tristement, dans la nuit. Mais leur route longeait le verger enclos de pieux où Tristan, jadis, attendait son amie. La nuit brillait limpide. Au détour du chemin, non loin de la palissade, il vit se dresser dans la clarté du ciel le tronc robuste du grand pin.

« Beau maître, attends sous le bois prochain ; bientôt je serai revenu.

— Où vas-tu ? Fou, veux-tu sans répit chercher la mort ? »

Mais déjà, d’un bond assuré, Tristan