Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/203

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Malgré le roi et les guetteurs, les amants mènent leur joie et leurs amours.


Cette nuitée affola les amants : et les jours qui suivirent, comme le roi avait quitté Tintagel pour tenir ses plaids à Saint-Lubin, Tristan, revenu chez Orri, osa chaque matin, au clair de lune, se glisser par le verger jusqu’aux chambres des femmes.

Un serf le surprit et s’en fut trouver Andret, Denoalen et Gondoïne :

« Seigneurs, la bête que vous croyez délogée est revenue au repaire.

— Qui ?

— Tristan.

— Quand l’as-tu vu ?

— Ce matin, et je l’ai bien reconnu. Et vous pourrez pareillement demain, à l’aurore, le voir venir, l’épée ceinte, un arc dans une main, deux flèches dans l’autre.

— Où le verrons-nous ?

— Par telle fenêtre que je sais. Mais, si je vous le montre, combien me donnerez-vous ?