Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/253

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Perinis retourna donc vers la reine et lui redit ce qu’il avait vu et entendu. Mais elle ne le crut pas :

« Ah ! Perinis, tu étais mon privé et mon fidèle, et mon père t’avait destiné, tout enfant, à me servir. Mais Tristan l’enchanteur t’a gagné par ses mensonges et ses présents. Toi aussi, tu m’as trahie ; va-t’en ! »

Perinis s’agenouilla devant elle :

« Dame, j’entends paroles dures. Jamais je n’eus telle peine en ma vie. Mais peu me chaut de moi : j’ai deuil pour vous, dame, qui faites outrage à mon seigneur Tristan, et qui trop tard en aurez regret.

— Va-t’en, je ne te crois pas ! Toi aussi, Perinis, Perinis le Fidèle, tu m’as trahie ! »

Tristan attendit longtemps que Perinis lui portât le pardon de la reine. Perinis ne vint pas.


Au matin, Tristan s’atourne d’une grande chape en lambeaux. Il peint par places son visage de vermillon et de brou de noix, en sorte qu’il ressemble à un malade rongé