Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/95

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Iseut fit venir deux serfs, leur promit la franchise et soixante besants d’or, s’ils juraient de faire sa volonté. Ils firent le serment.

« Je vous donnerai donc, dit-elle, une jeune fille ; vous l’emmènerez dans la forêt, loin ou près, mais en tel lieu que nul ne découvre jamais l’aventure : là, vous la tuerez et me rapporterez sa langue. Retenez, pour me les répéter, les paroles qu’elle aura dites. Allez ; à votre retour, vous serez des hommes affranchis et riches. »

Puis elle appela Brangien :

« Amie, tu vois comme mon corps languit et souffre ; n’iras-tu pas chercher dans la forêt les plantes qui conviennent à ce mal ? Deux serfs sont là, qui te conduiront ; ils savent où croissent les herbes efficaces. Suis-les donc ; sœur, sache-le bien, si je t’envoie à la forêt, c’est qu’il y va de mon repos et de ma vie ! »

Les serfs l’emmenèrent. Venue au bois, elle voulut s’arrêter, car les plantes salutaires croissaient autour d’elle en suffi-