Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/96

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sance. Mais ils l’entraînèrent plus loin :

« Viens, jeune fille, ce n’est pas ici le lieu convenable. »

L’un des serfs marchait devant elle, son compagnon la suivait. Plus de sentier frayé, mais des ronces, des épines et des chardons emmêlés. Alors l’homme qui marchait le premier tira son épée et se retourna ; elle se rejeta vers l’autre serf pour lui demander aide ; il tenait aussi l’épée nue à son poing et dit :

« Jeune fille, il nous faut te tuer. »

Brangien tomba sur l’herbe et ses bras tentaient d’écarter la pointe des épées. Elle demandait merci d’une voix si pitoyable et si tendre, qu’ils dirent :

« Jeune fille, si la reine Iseut, ta dame et la nôtre, veut que tu meures, sans doute lui as-tu fait quelque grand tort. »

Elle répondit :

« Je ne sais, amis ; je ne me souviens que d’un seul méfait. Quand nous partîmes d’Irlande, nous emportions chacune, comme la plus chère des parures, une