Page:Le Rouge et le Noir.djvu/332

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nagea. Il se dit, comme son maître Tartufe, dont il savait le rôle par cœur :

Je puis croire ces mots, un artifice honnête.
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Je ne me fierai point à des propos si doux,
Qu’un peu de ses faveurs, après quoi je soupire,
Ne vienne m’assurer tout ce qu’ils m’ont pu dire.
                                                Tartufe, acte IV, scène V

.

Tartufe aussi fut perdu par une femme, et il en valait bien un autre… Ma réponse peut être montrée… à quoi nous trouvons ce remède, ajouta-t-il, en prononçant lentement et avec l’accent de la férocité qui se contient, nous la commençons par les phrases les plus vives de la lettre de la sublime Mathilde.

Oui, mais quatre laquais de M. de Croisenois se précipitent sur moi et m’arrachent l’original.

Non, car je suis bien armé, et j’ai l’habitude, comme on sait, de faire feu sur les laquais.

Eh bien ! l’un d’eux a du courage ; il se précipite sur moi. On lui a promis cent napoléons. Je le tue ou je le blesse, à la bonne heure, c’est ce qu’on demande. On me jette en prison fort légalement ; je parais en police correctionnelle, et l’on m’envoie avec toute justice et équité de la part des juges, tenir compagnie dans Poissy à MM. Fontan et Magallon. Là, je couche avec quatre cents gueux pêle-mêle… Et j’aurais quelque pitié de ces gens-là ! s’écria-t-il en se levant impétueusement. En ont-ils pour les gens du Tiers État, quand ils les tiennent ? Ce mot fut le dernier soupir de sa reconnaissance pour M. de La Mole, qui, malgré lui, le tourmentait jusque-là.

Doucement, messieurs les gentilshommes, je comprends ce petit trait de machiavélisme ; l’abbé Maslon ou M. Castanède du séminaire n’auraient pas mieux fait. Vous m’enlèverez la lettre provocatrice, et je serai le second tome du colonel Caron à Colmar.

Un instant, messieurs, je vais envoyer la lettre fatale en dépôt dans un paquet bien cacheté à M. l’abbé Pirard. Celui-là est honnête homme janséniste, et en cette qualité à l’abri