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ger entre les hommes les richesses et les propriétés.

Cela se dit, s’écrit et trouve malheureusement des badauds pour l’avaler.

En supposant que cela fût exact, qu’auraient donc à y perdre les forçats du travail, les crève-la-faim, tous ceux qui n’ont pas même une pierre où reposer leur tête ?

Mais cette affirmation n’est qu’une erreur intentionnelle, un mensonge de plus de la caste satisfaite pour mettre de son bord les épargnistes sur le nécessaire et autres jobards.

Les communistes ont quelque sens, et savent qu’au lendemain du partage il ne manquerait pas de soiffards qui bazarderaient leur lot pour une chopine.

C’est avec des bourdes pareilles qu’on trompe ceux qui n’ont pas le loisir d’étudier l’origine de leurs souffrances et les moyens d’y mettre fin.

Loin de vouloir le partage des biens et richesses, ceux qui méritent la noble appellation de socialistes exigent, au contraire — on ne saurait trop le répéter — l’abolition du partage héréditaire, principal facteur de la propriété individuelle, d’où découlent toutes les iniquités.

Le maître, jadis, était reconnu propriétaire de son esclave : cette propriété était-elle légitime et la loi qui la consacrait créait-elle un véritable droit ?

La loi, faite par une classe, ne peut être que l’expression des intérêts de cette classe.

Aujourd’hui, l’enfant du pauvre tombe nu sur la terre nue, comme s’il naissait à l’état sauvage.

« La propriété individuelle n’est que Le vol légalisé ! » ont dit à travers les âges vingt novateurs, depuis les sages de la Grèce, jusques et y compris les Pères de l’Église.

Nous sommes loin de donner ceux-ci comme modèles, sachant que leur doctrine mystique dérobe encore à beaucoup d’hommes l’aurore libertaire ; mais l’on nous permettra d’ajouter que Brissot et Proudhon, qui s’attribuèrent cette pensée, ne furent que des plagiaires.

Pour mettre fin au régime de l’exploitation de l’homme par l’homme, il faut que toutes les richesses naturelles et artificielles : terres, mines,