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Quand le vieillard que l’on rebute,
Seul pour mourir se couche au soir ;
Quand vos filles, de chute en chute,
Roulent aux hontes du trottoir ;
Quand le spectre errant de la grève
Sort en haillons de ses taudis,
Là, de pitié, mon cœur en crève,
Et les heureux, je les maudis ! (Ref.)

C’est pourquoi ma gaîté native,
Avec ses vieux refrains, a fui ;
À ma lèvre, autrefois naïve,
L’amertume monte aujourd’hui ;
Ou si, devant tant de misère,
Je trouve des accents plus doux,
C’est pour tromper l’enfant sans mère,
En l’endormant sur mes genoux. (Ref.)

Des dirigeants, la caste avide
Vous répète : « Croyez au ciel ! »
Dérision ! leur ciel est vide,
Et votre enfer seul est réel !
Moi, pour faire œuvre plus féconde,
J’apporte à tous la même loi :
C’est la justice dans ce monde,
Et fi de l’autre, sur ma foi ! (Ref.)

Je hais les guerres de conquêtes,
Je hais les rois et les Césars :
En triomphateurs, sur nos têtes,
N’ont-ils pas fait rouler leurs chars ?…
Des massacreurs qu’on glorifie
Ma main châtiera les forfaits :
J’ai mis la marque d’infamie
Sur l’épaule des Galiffets ! (Ref.)

Mais si la Faim à face blême,
Devant les repus se dressant,
Leur pose en armes son problème,
Sur nos pavés rougis de sang,
Je sais bien que pour le résoudre
L’éloquence ne suffit pas :
C’est en faisant parler la poudre
Qu’on fait taire les avocats ! (Ref.)

Oui, c’est beau d’abattre les trônes,
Par un Dix-Août, en plein soleil ;
Beau de danser sur les couronnes
Le Ça Ira du grand réveil ;
Mais, chaque jour, il faut se rendre
À Capital, roi monstrueux :
Sus à ce tyran pour le prendre,
Et vous serez riches, mes gueux : (Ref.)

Ma République, ô prolétaire,
Éternel vaincu du destin,