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Poliphile, après 0avoir parlé 0d’une
partie de 0l’immense construction avec la pyramide colossale et l’admirable obélisque, décrit, dans le chapitre suivant, des œuvres grandes et merveilleuses, principalement un cheval, un colosse couché, un éléphant et surtout une porte très-élégante.



I l serait juste qu’on me permît d’affirmer que jamais, dans tout l’univers, il n’a dû exister des œuvres d’une telle magnificence, et que jamais l’intuition humaine n’en a conçu ni même entrevu de pareilles. J’en conclurai presque, avec assurance, que tout le savoir humain joint au plus grand talent ne saurait atteindre à une telle audace dans l’art de bâtir, ni en rassembler les moyens, ni en perpétrer l’invention. Mes sensations, suspendues entre un vif plaisir et la stupeur, étaient captivées par un examen attentif et persévérant, au point que nul souvenir joyeux ou triste ne traversait plus ma mémoire. Mais, en admirant avec application et curiosité ces parfaites et nobles statues de pierre représentant des vierges, je ne pus, dans l’agitation qui s’empara de moi, que soupirer en sanglotant. Toutefois mes soupirs amoureux et sonores en ces lieux solitaires, abandonnés, et à l’atmosphère épaissie, me rappelaient ma


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