Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/101

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leurs ne vous aïant jamais donné sujet de me souhaîter du mal, ni de vous réjouir s’il m’en arrivoit aucun, je ne crois pas que vous seriez bien aise de me voir persécuté et tirannisé pour ce sujet : c’est pourquoi j’ai résolu de garder le silence.

Mais puisque cette raison m’oblige présentement de me taire, je ferai au moins ensorte de vous parler après ma mort : c’est dans ce dessein que je commence à écrire ceci, pour vous désabuser, comme j’ai dit, autant qu’il seroit en mon pouvoir, de toutes les erreurs et de toutes les superstitions dans lesquelles vous avez été élévés et nourris et que vous avez, pour ainsi dire sucés avec le laict. Il y a assez longtems que les pauvres peuples sont misérablement abusés de toutes sortes d’idolatrie et de superstitions ; il y a assez longtems que les riches et les grands de la terre pillent et opriment les pauvres peuples : il seroit tems de les désabuser par tout, et de leur faire connoître par tout la vérité des choses. Et si, pour adoucir l’humeur grossière et farouche du commun des hommes, il a fallu autrefois, comme on le prétend, les amuser par de vaines et superstitieuses pratiques de religion, afin de les tenir plus facilement en bride par ce moïen-là, il est certainement encore plus nécessaire maintenant de les désabuser de toutes ces vanités-là, puisque le remède dont on s’est servi est devenu avec le tems pire, que n’étoit le premier mal. Ce seroit à faire à tous les gens d’esprit et aux personnes les plus sages et les plus éclairés à penser sérieusement, et travailler fortement à une si importante affaire, en désabusant partout les peuples des erreurs, où ils sont ; en rendant partout