Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/104

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vous en faire voir la vanité et la fausseté : que les prêtres, que les prédicateurs, que les docteurs, et que tous les fauteurs de tels mensonges, de tels erreurs et de telles impostures s’en scandalisent et qu’ils s’en fâchent tant qu’ils voudront après ma mort ; qu’ils me traitent alors s’ils veulent d’impie, d’apostat, de blasphémateur et d’athée ; qu’ils me disent pour lors tant d’injures et qu’ils me chargent de tant de malédictions qu’ils voudront, je ne m’en embarasse guères, puisque cela ne me donnera pas la moindre inquiétude du monde. Pareillement qu’ils fassent pour lors de mon corps tout ce qu’ils voudront ; qu’ils le hachent en pièces, qu’ils le rotissent ou qu’ils le fricassent et qu’ils le mangent encore, s’ils veulent, à quelle sausse ils voudront, je ne m’en mets nullement en peine. Je serai pour lors entièrement hors de leurs prises ; rien ne sera plus capable de me faire peur. Je prévois seulement que mes parens et mes amis pouront, dans cette occasion-là, avoir du chagrin et du déplaisir, de voir ou d’entendre tout ce que l’on pourra faire ou dire indignement de moi après ma mort. Je leur épargnerois effectivement volontiers ce déplaisir ; mais cette considération, si forte qu’elle soit, ne me retiendra cependant pas : le zèle de la vérité et de la justice, le zèle du bien public, et la haine et l’indignation, que j’ai de voir les erreurs et les impostures de la religion, aussi bien que l’orgueil et l’injustice des grands si impérieusement et si tiranniquement dominer sur la terre, l’emporteront dans moi, sur cette autre considération particulière, si forte qu’elle puisse être. D’ailleurs je ne pense pas, mes chers amis, que cette entreprise-ci me