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tant de religions, qui se contrarient et se condamnent les unes les autres ; quand je vois, dit-il, que chacun travaille vigoureusement à la propagation de la sienne, et qu’il y emploïe ou l’artifice ou la violence, et que cependant il y a si peu de gens, pour ne pas dire personne, qui fassent connoître par leur pratique, qu’ils croïent et qu’ils professent avec tant d’ardeur, peu s’en faut, dit-il, que je ne croïe que tant de cultes différens ont été d’abord inventées par les politiques ; chacun accommodant son modèle à l’inclination des peuples, qu’il avoit dessein de tromper. Mais lorsque je considère, ajoute-t-il, d’un autre côté, qu’il paroit quelque chose de si naturel et de si peu fardé, dans le zèle furieux, et dans l’opinion insurmontable de la plupart des gens ; je suis prêt, dit-il, de conclure après Cardan, que toute cette variété de religions dépend de la différente influence des astres… et il y a, dit-il, dans chaque religion une si égale aparence de vérité et de fausseté, qu’il ne sauroit, selon la raison humaine, en faveur de laquelle il pouroit se déterminer. » On sait que ç’a été par cet artifice et par cette ruse, que Numa Pompilius, roi des Romains, adoucit les mœurs rudes et farouches de ce peuple, amolissant peu à peu, dit un auteur, la dureté et la férocité de leur cœur, par de doux et pieux exercices de religion, auxquels il les accoutumoit par fêtes, danses, chansons, processions et autres semblables exercices de religion, qu’il leur faisoit faire et qu’il faisoit aussi lui-même, sous prétexte d’honorer leurs Dieux. Il leur enseigna aussi la manière de sacrifier ; il institua pour cela des cérémo-