Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/111

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nies toutes particulières, qu’il apella saintes et sacrées, et établit des prêtres, pour vaquer à tout ce qui regardoit l’honneur et le service des Dieux, leur faisant accroire que tout ce qu’il faisoit, et que tout ce qu’il commandoit, venoit de la part des Dieux, et que c’étoit sa nymphe ou sa déesse Egerie, qui les lui révéloit. Pareillement on sait que Sertorius, faux chef des armées d’Espagne, se servoit d’un semblable artifice pour disposer de ses troupes à sa volonté ; ce qu’il fit facilement en leur persuadant que la biche blanche, qu’il tenoit toujours auprès de lui, lui aportoit de la part des Dieux tous les conseils qu’il prenoit. Zoroastre, roi des Bactriens, pratiqua la même chose à l’égard de ses peuples, en leur persuadant que les loix, qu’il leur donnoit, venoient du Dieu Oromazis. Trismegiste, roi des Égyptiens, leur donna pareillement ses loix sous le nom et l’autorité du dieu Mercure. Zamolxis, roi des Scithes, publia les siennes à ses peuples, sous le nom de la déesse Vesta. Minos, roi de Candie, publia les siennes sous le nom du dieu Jupiter. Charandas, législateur de Cholcides, publia aussi ses loix sous le nom du dieu Saturne. Licurgue, législateur des Lacedemoniens, publia les siennes sous le nom du dieu Apollon. Dracon et Solon, législateurs des Atheniens, publièrent aussi leurs loix sous le nom de la déesse Minerve, etc. Car il n’y avoit presque point de nation en ce tems-là, qui n’eût ses dieux à sa fantaisie. Moise, législateur des Juifs, publia aussi ses loix sous le nom d’un dieu, qui lui étoit, disoit-il, aparu dans un buisson ardent. Jésus, fils de Marie, surnommé le Christ et le chef de la secte et religion