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dinaire des empereurs romains de se faire mettre au rang des Dieux : les plus méchans et les plus détestables s’y faisoient mettre comme il est marqué dans l’Hist. Rom. Tom. 3.


VII.
Ils croïoient, que les hommes pouvoient devenir des Dieux après leur mort.

Pareillement c’étoit anciennement la coutume des peuples de deïfier ou de mettre au rang des Dieux ceux, qui avoient excellé en quelque rare vertu, ou qui avoient rendu quelque notable service ou fait quelque bien considérable à leur païs. C’est ce qui a donné lieu au Sr. de Montagne de dire fort judicieusement[1], que l’homme est bien insensé : il ne sauroit forger un ciron et il forge des dieux à douxaines, et non-seulement les forge à douxaine, mais il les forge même promtement à milliers et marque jusqu’où s’étend leur puissance. Qui de ces dieux ou de ces saints si plaisamment forgés par l’antiquité sont vieux et cassés, dit-il, qui sont mariés, qui ne le sont point, qui sont jeunes et vigoureux[2], qui guérit les chevaux, qui les hommes, qui la peste, qui la teigne, qui la toux, qui une sorte de galle, qui une autre, qui fait naître les raisins, qui les aulx, qui

  1. Ess. de Montag. p. 498.
  2. Ibid. p. 502.