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Cet argument me paroit jusqu’ici tout évident ; or il n’est pas croïable qu’un Dieu Tout-puissant qui seroit infiniment bon et infiniment sage, voudrait jamais se servir d’un tel moïen, ni d’une voïe si trompeuse que celle-là pour établir ses loix et ses ordonnances, ou pour faire connoitre ses volontés aux Hommes ; car ce seroit manifestement vouloir les induire en erreurs, et vouloir leur tendre des piéges, pour leur faire prendre aussitot le parti du mensonge que celui de la verité. Ce qui n’est constamment pas croïable d’un Dieu, qui seroit tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage. Pareillement il n’est pas croïable qu’un Dieu, qui aimeroit la paix et l’union, qui aimeroit le bien et le salut des hommes, tel que seroit un Dieu infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage, et que nos Christicoles eux-mêmes qualifient de Dieu de paix, de Dieu d’amour, de Dieu de charité, de Père de miséricorde et de Dieu de consolation etc., il n’est pas croïable, dis-je, qu’un tel Dieu auroit jamais voulu établir et mettre pour fondement de Religion une source si fatale et si funeste de troubles et de divisions éternelles parmi les Hommes, comme est cette croïance aveugle dont je viens de parler, laquelle seroit mille et mille fois plus funeste aux Hommes, que ne fut jamais cette pomme d’or que la Déesse Discorde jetta malicieusement dans l’Assemblée des Dieux aux nôces de Pélée et de Thetis, et qui fut cause de la ruine de la ville et du Roïaume de Troïe, suivant le dire des Poëtes.

Donc des Religions qui posent pour fondement de leurs mistères et qui prennent pour règle de leur Doc-