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cessairement qu’ils reconnoissent que ces prétendus miracles et prodiges se peuvent faire en faveur de l’erreur et du mensonge, aussi bien qu’en faveur de la justice et de la vérité, et par conséquent ils doivent reconnoitre qu’ils ne sont pas des témoignages certains de la vérité. Et ce qu’il y a de particulier à remarquer encore en cette occasion, est que tous ces prétendus faiseurs de miracles veulent que l’on ajoute foi à leurs prétendus miracles, et qu’on n’en ajoute aucune à ceux que font les autres, qui sont d’un Parti contraire oposé au leur. Pareillement tous les prétendus Prophêtes veulent que l’on ajoute foi à leur parole, et ils veulent que l’on regarde tous les autres qui leur sont oposés comme des faux Prophêtes et comme des imposteurs, et par-là on voit manifestement qu’ils se condamnent et détruisent les uns les autres ; et ainsi c’est folie d’ajouter foi ni aux uns ni aux autres. Un jour un de ces prétendus Prophêtes, c’étoit un nommé Sedecias, se voïant contredit par un autre prétendu Prophête qui se nommoit Michée et qui étoit d’un sentiment contraire au sien, lui donna un souflet et lui dit plaisamment ces paroles[1] par quelle voïe l’esprit de Dieu a t’il passé de moi pour aller à toi ? Per quam viam transivit spiritus domini a me, ut loqueretur tibi ? Les Prophêtes de Samarie, qui étoient Prophêtes du Dieu Baal, ne s’accordoient point avec les Prophêtes de Judée et de Jerusalem qui se disoient pareillement les Prophêtes du Seigneur Dieu ; et si Jezabel[2] fit mourir les Prophêtes du

  1. L. Parai. 18, 23.
  2. 1 Reg. 22, 24.