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portent toutes comme elles sont : car il est certain que pour peu que l’on change, soit par dessein, soit par erreur les circonstances particuliéres d’un fait, pour peu que l’on en retranche ou que l’on y ajoute quelque circonstance qui n’y soit point, on le fait paroitre tout autre qu’il n’est en lui-même. C’est ce qui fait que l’on admire souvent des choses que l’on cesseroit incontinent d’admirer, si on savoit véritablement ce qui en est. Les miracles, dit fort judicieusement le Sr. de Montagne[1] sont, selon l’ignorance en quoi nous sommes de la nature, non selon l’être de la nature. C’est merveille, dit-il, de combien vains commencemens et frivoles causes naissent ordinairement si fameuses impressions, que celle de la croïance des miracles[2]. Notre vûë, dit-il, nous représente souvent de loin des images étranges qui s’évanouissent en s’aprochant. 4o. Il faudroit savoir si les Livres ou les Histoires anciennes qui raportent tous ces grands et prodigieux miracles que l’on prétend avoir été faits au tems passé, n’ont pas été falsifiés et corrompus dans la suite du tems comme quantité d’autres Livres ou Histoires qui ont été indubitablement falsifiés et corrompus, et l’on en falsifie encore tous les jours dans le siècle où nous sommes.

Or il est constant qu’il n’y a aucune certitude que ces prétendus miracles aïent été véritablement faits, il n’y a aucune certitude de la probité et de la sincérité de ceux qui les raportent, ou qui disent les avoir vûs ; il n’y a aucune certitude qu’ils en aïent

  1. Essai de Montagne, pag. 79.
  2. Ibid. pag. 1038.