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d’un autre côté abattus de sommeil, comme les autres Evangelistes le marquent. Mais comment est ce que S. Jean l’Evangeliste se seroit si bien souvenu après un si grand nombre d’années d’un si grand nombre de paroles qui sont raportées dans ce discours, lui qui ne fait point mention de plusieurs autres choses beaucoup plus rémarquables, non plus que de plusieurs discours paraboliques, qu’il auroit du lui avoir oui dire, aussi bien que les autres Evangelistes ? D’où vient une si grande diversité entre les uns et les autres ? Si ce n’est que ce n’est point l’esprit de vérité qui les conduisoit, mais l’esprit d’erreur et de mensonge. En effet on voit bien que le stile même de leurs narrations n’est qu’un stile de fables, et même de fables mal conçues, mal suivies et mal raportées.

5o. Ils se contredisent eux-mêmes sur le jour qu’ils disent qu’il fit cette cène ; car d’un côté ils marquent qu’il la fit le soir de la veille de Pâques, c’est à dire le soir du prémier jour des azimes ou de l’usage des pains sans levain[1] lorsqu’il falloit, suivant la Loi des Juifs, manger l’Agneau pascal. Car c’étoit le soir de la veille de cette grande Fête de Pâques qu’ils devoient manger l’Agneau pascal et le pain sans levain comme il est marqué dans l’Exode 12 : 18 ; Lev. 23 : 5 ; Num. 28 : 16 et d’un autre côté ils marquent qu’il fut crucifié le lendemain du jour qu’il fit cette cène vers l’heure du midi après que les Juifs lui eurent fait son procès toute la nuit et le matin. Or suivant leur dire le lendemain qu’il fit cette cène[2], n’auroit pas

  1. Non in die festo ne… Matth. 26 : 5.
  2. Math. 26 : 17. Marc, 14 : 12. Luc. 26 : 7.