Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/254

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mes, on ne voit aucune aparence que le péché soit ôté du monde, comme il auroit du être ôté, ni même qu’il soit en aucune manière diminué, au contraire, il sembleroit plutôt qu’il y seroit augmenté et qu’il y augmenteroit même encore tous les jours de plus en plus, les hommes devenant tous les jours de plus en plus vicieux et méchans, et qu’il y a comme un déluge de vices, d’iniquités dans ce monde ; on ne voit pas même que nos Christicoles puissent se glorifier d’être plus saints, plus sages, plus vertueux et mieux réglés dans leur police et dans leurs mœurs que les autres peuples de la terre ; et enfin on ne voit aucune aparence qu’il doive y avoir plus d’ames sauvées, ni moins de réprouvées qu’il n’y en avoit auparavant cette prétendue rédemption, puisqu’il n’y en a pas plus qui prennent le chemin du Ciel, et qu’il n’y en a pas moins qui prennent le chemin de l’Enfer, comme le disent nos Christicoles, si tant est néanmoins que le vice soit le chemin de l’Enfer, et que la vertu soit véritablement le chemin du Ciel. Par ainsi il est évident, que les susdits prétendus miracles ne répondent aucunement à la fin principale, que la prétendue souveraine Bonté et la prétendue souveraine Sagesse d’un Dieu tout-puissant, qui les auroit fait, se seroit proposé. Et il n’est nullement croïable qu’un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, comme on le supose, auroit voulu se borner à faire seulement si peu de chose pour le salut de ceux, pour qui il seroit venu pour les sauver, pour les santifier et pour les rendre à tout jamais bienheureux.

Quoi ! un Dieu tout-puissant qui seroit infiniment