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son païs, avec toute sa Famille et avec tout ce qu’il avoit gagné chez son Beau-père, il eut, dit l’Histoire, (ou la fable) pendant la nuit en rencontre un Homme inconnu, contre lequel il lui fallut combattre toute la nuit jusqu’au point du jour ; et cet homme ne l’aïant pû vaincre, il lui demanda, qui il étoit, et Jacob lui dit son nom ; alors cet inconnu lui dit, vous ne serez plus apellé Jacob, mais Israël, car puisque vous avez été fort en combattant contre Dieu, à plus forte raison, lui dit-il, serez vous fort en combattant contre les hommes[1].

Voilà quelles furent les prémiéres de ces belles prétendues visions et révélations divines ; il ne faut point juger autrement des autres que de celle-ci. Or, quelle aparence y a-t’-il de Divinité dans des songes si grossiers et dans des illusions si vaines ? Si quelque homme rustique et grossier, ou si quelque bon homme de berger de la campagne, comme pouvoit être ce Jacob, dont je viens de parler, venoit nous dire qu’il auroit convenu avec un beau-père ou avec quelqu’autre personne de garder seul ses troupeaux à condition que tous les fruits qui en proviendroient et qui seroient de diverses couleurs, seroient pour lui en récompense de son service, et que pour témoignage que Dieu voudroit le favoriser et lui procurer une ample récompense de ses services, il se seroit aparu à lui en songe, lui auroit parlé, et lui auroit dit toutes ces paroles : Je suis le Dieu qui vous a déja aparu en un tel endroit ; j’ai vu la tromperie et

  1. Gen. 32 : 25, 28.