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des fruits de la terre, dont ils offroient les prémices à Dieu, passant pour un crime inexpiable de répandre le sang d’aucun animal, même en sacrifice ; et à plus forte raison d’en manger la chair. C’est pour cela qu’ils disent, ajoute cet auteur, que ce fut à Athenes que le prémier Taureau fut tué. Le Prêtre de la ville, qui s’apelloit, dit-il, Diomus, faisant sur l’autel l’oblation des fruits en pleine campagne, selon la coutume, parce qu’alors on ne parloit point encore de temple, un taureau, s’étant séparé d’un troupeau qui paissoit tout auprès, vint et mangea de l’herbe consacrée. Le Prêtre Diomus, irrité du prétendu sacrilège, prit l’épée d’un des spectateurs et en tua le taureau. Mais sa colère étant passée, et aïant considéré le crime énorme, qu’il avoit commis, il craignit la fureur du peuple, et lui fit accroire, que Dieu lui étoit aparu et lui avoit commandé d’offrir ce taureau en sacrifice, et d’en brûler la chair sur l’autel pour expier le péché qu’il avoit fait de manger les fruits consacrés. La dévote multitude, ou plutot la sote et ignorante populace crut son Sacrificateur comme un oracle : de sorte que le taureau aïant été écorché et le feu mis sur l’autel, tout le monde assista à ce nouveau sacrifice. Les Athéniens ont depuis sacrifié tous les ans un taureau, et ont fait passer, dit-il, cette pieuse cruauté, non seulement par toute la Grèce, mais même encore chez toutes les Nations du monde. Il arriva ensuite, continue l’auteur, qu’un certain Prêtre, au milieu de son sacrifice sanglant, aïant pris une pièce de chair bouillie qui de l’autel étoit tombée à terre, et que