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ton Dieu ; après quoi ils étoient menés au lieu, où on les devoit sacrifier, et là six des très-grands Prêtres, destinés à ce Ministère, s’y trouvoient avec des façons si étranges, qu’ils sembloient plutôt être des Diables que des Hommes. ”

Suivant le rapport des Ambassadeurs du Roi de Mexique[1] ce Prince faisoit tous les ans sacrifier aux Dieux 50,000 de ses prisonniers et entretenoit toujours la guerre avec quelques peuples voisins, afin d’avoir toujours de quoi fournir à ses sacrifices. Amurat, à la prise de l’Isthme, immola, dit Montagne[2] 600 jeunes hommes Grecs à l’ame de son Père, afin que ce sang servit de propitiation à l’expiation des pèchés du trépassé. Les Chinois sacrifioient non seulement à leurs Dieux, mais aussi aux Diables, quoi qu’ils sçussent qu’il étoit méchant et réprouvé, afin, disoient-ils, qu’il ne leur fit aucun mal en leurs personnes ni en leurs biens. Ceux de Calicut en faisoient de même ; ceux de Martingue adorent les Diables, quoiqu’ils les reconnoissent auteurs de tout mal, et leur offrent des sacrifices, et leur bâtissent des temples, plus qu’au Créateur même. Les Japonois aussi adorent le Diable, comme aussi ceux de l’Amerique, et lui font des sacrifices, non pour obtenir quelque bien d’eux, mais afin qu’ils ne leur fassent aucun mal. Nos anciens Gaulois, habitans de notre France, n’étoient pas à cet égard plus sages que les autres Nations, puisqu’ils sacrifioient des hommes à leurs Dieux. Ceux qui étoient attaqués de grièves maladies immoloient des

  1. Essai de Montagne, pag. 167.
  2. Ibid.