Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tems, au lieu que du côté des prétendus vrais Prophètes, qui auroient été pendant tout le tems de la loi Mosaïque, à peine nos Christicoles pouroient-ils en compter deux douzaines ; ce qui fait voir une très-grande différence du nombre des uns aux autres, et fait juger que le nombre des faux Prophètes étoit incomparablement plus grand que celui des prétendus vrais Prophètes.

Et à l’égard des reproches, qu’ils se faisoient les uns aux autres, avec tant d’animosité, s’accusant les uns les autres de prophétiser faussement au nom de Dieu, on pouroit, ce semble, assez convenablement apliquer le reproche, que le chauderon noir faisoit à la marmite : Voe tibi, voe nigroe dicebat cacabus olloe ; car il paroit manifestement, qu’ils n’étoient à cet égard guères moins faux, ni moins trompeurs, les uns que les autres. Et puisque nos Christicoles sont obligés de reconnoitre, que la plupart et que même presque tous ces prétendus Prophètes n’étoient effectivement que des visionnaires, des fanatiques ou des imposteurs, ce seroit maintenant à eux de montrer par des raisons et par des preuves claires, sûres et convaincantes, que ceux qu’ils prétendent excepter, n’étoient pas des faux Prophètes comme les autres, mais qu’ils étoient divinement inspirés de Dieu, et c’est ce qu’on pouroit les défier absolument de pouvoir faire par aucune véritable et solide raison.

Mais je vais au contraire prouver, par un raisonnement solide, qu’ils étoient aussi faux Prophètes que les autres, et voici ma raison : Tout Prophète, qui se dit inspiré de Dieu, et qui ne se trouve pas vérita-