Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surtout de connaître plus particulièrement ses opinions sur ce qu’on nomme Religion, Dieu etc. Je lus avidemment ce qu’il croyait devoir enseigner sur ces sujets abstraits, et je trouvai que lui aussi, tombant dans la faute assez grave de presque tous ceux qui prétendent briser avec un passé plein d’ignorance et d’erreur, s’embrouillait dans les mots dont il se servait pour exprimer ses idées, que lui aussi conservait la phraséologie usée de ces prédécesseurs dont il combattait les théories, que lui aussi se perdait dans un dédale de mots qui rendaient obscur et indécis le sens de ses paroles et qui cachaient ses pensées au lieu de les mettre en évidence d’une manière claire et précise. — Était-ce de propos délibéré, ou séduit par l’habitude qu’il exprimait ses opinions modernes en des termes empruntés au dictionnaire de l’ancienne croyance calviniste, je n’ose le décider, et cela ne changerait absolument rien aux conséquences que je tirai de ce galimatias ; il me suffit de me persuader que de cette manière le but ne pourrait être atteint, que l’esprit de vérité ne pourrait être servi, et que je ferais une œuvre méritoire en m’opposant à un procédé qui me révoltait et que je considérais comme pernicieux à la cause du progrès. Je l’essayai dans les articles que j’offris à la redaction de la Revue de Dageraad, et qui parurent dans les livraisons de Juillet, d’Août et d’Octobre 1863 de la dite revue. J’ai la prétention de considérer quelques uns des raisonnements que je fais dans ces articles comme si utiles et si justes, que je ne puis m’empêcher d’en traduire et d’en insérer ici les plus marquants, tout en me réservant le plaisir de reproduire ces articles en entier, dans un choix de mes Essais et de mes Paradoxes, — si on veut donner ce nom à la série d’idées que je collectionne depuis quelque temps, — que je me propose de présenter un jour au public français, quand ce public voudra se donner la peine de faire connaissance avec les observations mal stylées d’un penseur étranger, non breveté.


"La Religion", dit Mr. Réville, "c’est la croyance qu’au-dessus