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Clairy venait donner du cor sous les fenêtres de l’église, où le curé officiait ou prêchait, son esprit s’était aigri au point de lui rendre insulte pour insulte ; que sur les plaintes du Seigneur, M. de Rohan-Guemené, archevêque de Reims, crut devoir faire venir Meslier au séminaire ; qu’irrité de ce traitement, il s’était laissé mourir de faim en 1729[1]), après avoir pris des mesures pour qu’un testament, où il abjurait sa foi religieuse, fût en même temps porté au greffe de Sainte-Ménéhould, lieu de la juridiction, à l’archevêché de Reims, et à Mézières. Cette affaire ayant éclaté, M. Lavaux, curé de Boulzicourt et M. Voiry, curé de Guignicourt, se rendirent à Étrépigny, et inhumèrent le corps de leur confrère dans la sacristie, sans inscrire son acte mortuaire sur les registres de la paroisse. En effet, on n’y trouve rien qui constate le décès de Meslier. Le dernier acte, revêtu de sa signature, est du 7 Mai 1729, et le premier qui ait été signé par l’abbé Guillotin, son successeur immédiat, est du 27 Août suivant".[2]

"À sa mort," dit Voltaire, "il donna tout ce qu’il possédait (ce qui n’était pas considérable) à ces paroissiens, et pria qu’on l’enterrât dans son jardin".

Quoiqu’il ne soit ici question que de deux exemplaires du fameux Testament du Curé Meslier, tous les biographes de ce grand penseur s’accordent à raconter qu’après sa mort on en trouva chez lui deux exemplaires, écrits de sa main, tandis qu’un troisième avait été déposé par lui-même de son vivant au greffe de la justice de Sainte-Ménéhould. Ces trois exemplaires de trois cent soixante six feuillets chacun, étaient tous trois écrits de sa main et signés par lui. Ils portaient pour titre : "Mon Testament" et étaient adressés à ses paroissiens et à M. Leroux,

  1. Voltaire prétend que le Curé Meslier ne mourut qu’en 1733. J’ai maintenu cette date sur le titre du présent ouvrage, comme le plus généralement acceptée. — R. C.
  2. Renseignements pris sur les lieux par M. l’Eguy, général de l’ordre de Prémontré.