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d’ériger une statue à Meslier, qu’il nomma l’Intrépide, le Généreux, l’Exemplaire, comme au premier prêtre qui avait abjuré les idées religieuses ; la proposition fut renvoyée au comité d’instruction publique, mais on ne lui donna pas de suite.




Il parait que l’Histoire du Testament laissé par le vénérable curé d’Etrépigny, bien que très-populaire en Champagne, eut de la peine à percer jusqu’à Paris, et à y faire quelque sensation. Ce fut Thiériot qui le premier parla de Meslier à


    nom de Légion vandale ; il publia un petit traité intitulé République universelle, et se déclara hautement l’ennemi personnel de Jésus-Christ. Clootz aurait été un excellent apôtre du progrès, si malheureusement ce caractère fougeux n’avait eu à se développer dans un centre d’idées exaltées et de haines farouches tel que dut l’être Paris dans les années qui précédèrent la grande révolution et à se manifester au millieu de l’agition fiévreuse d’un cataclysme social. Il ne fut alors qu’un fanatique pétulant, ridicule, parfois coupable, par un amour aveugle de la justice ; il eût été un tiran cruel à force de principes humanitaires, s’il eût eu à gouverner. Malgré tous ses défauts, Clootz est cependant une de ces grandes figures, de ces hommes d’une pièce, qui ne se développent que par exception et qui sont le produit de puissantes influences extérieures agissant sur des constitutions d’élite. Sa mort rachète une grande partie des extravagances de sa vie. Au moment suprême, il montra ce qu’il valait, il sut être sublime Arrêté comme hébertiste et traduit devant le tribunal révolutionnaire avec Hébert, Montmoro, Ronsin et douze autres, il fut condamné à mort, avec ses compagnons. "À l’exception de Marie-Anne Latreille, femme Quétineau, qui déclara être enceinte et obtint un sursis, ils furent tous immédiatement exécutés, le 4 Germinal, an II (23 Mars 1794). En allant au supplice, Clootz prêchait le matérialisme à Hébert ; il voulut même être exécuté le dernier, afin, disait-il, d’avoir le temps de constater certains principes, pendant que l’on ferait tomber les têtes des autres condamnés. Il mourut avec beaucoup de courage ; on assure qu’au moment suprême il en appela au genre humain du supplice injuste qu’il allait subir. (Dufey, de l’Yonne)"