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légendes indiennes, élaborées par un ou plusieurs auteurs, pénétrés des théories philosophiques de leur siècle et des dogmes de leur entourage, ont servi à former ce type que les Chrétiens nomment Jésus le Christ. Mais à part quelques côtés accessoires assez faibles, je trouve que le type a réellement de la majesté. — Je ne suis pas de ceux qui prononcent avec mépris les noms de Zoroastre, de Kong-Fou-Tseu, de Bouddha, de Jésus. Mais supposons même pour un instant que le prophète de Nazareth, dont les Evangiles des Chrétiens contiennent l’histoire, ait véritablement existé et qu’en effet il ait été crucifié, sa mort ne jetterait aucune ignominie sur sa vie, et l’œuvre humanitaire qu’il aurait rêvé élèverait le fanatique au rang des bienfaiteurs de l’humanité. Il n’est pas à contester que, sa vie ne nous étant connue que par des opuscules peu authentiques et rédigés longtemps après la date assignée à sa mort, — tous les écrits anti-chrétiens des premiers siècles de notre ère ayant été soigneusement détruits, — la biographie que nous possédons n’a aucune valeur historique, et que même en acceptant l’existence réelle du héros, elle ne nous offre qu’un tableau très-incomplet et très-partial de ses mœurs et de ses actions. Mais l’absence de documents contemporains, reconnus indubitablement authentiques, la perte d’écrits contradictoires que nous savons avoir existé, ne nous donnent pas le droit d’insulter un homme, auquel nous ne pouvons imputer avec certitude, ni crimes, ni vices, ni méchanceté, ni mauvaise foi ; un homme qui après tout ne pourait être responsable des crimes commis en son nom, de la dépravation des prêtres et de l’effet démoralisateur des dogmes d’un culte qu’il n’a pas même institué.

Pour ce qui regarde le régicide, tout républicain que je suis, je suis loin de partager les idées de Meslier à ce sujet.

Je ne regrette pas, comme lui, le temps des Jacques Clément et des Ravaillac, parce que j’ai en horreur le meurtre, et que je déteste tout acte de violence sauvage et barbare. Sanctionner le meurtre du tyran le plus sanguinaire, de même que sanctionner l’acte du juge qui signe l’arrêt de mort du meurtrier, ce