Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/90

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qu’elle puisse être. D’un côté les prêtres, qui sont les ministres de la religion, recommandent sous peine de malédiction et de damnation éternelle, d’obéir aux magistrats, aux princes et aux souverains, comme étant établis de dieu pour gouverner les autres ; et les princes de leur côté, font respecter les prêtres, leurs font donner de bons apointemens et de bons revenus, et les maintiennent dans les fonctions vaines et abusives de leur faux ministère, contraignant le peuple de regarder comme saint et comme sacré tout ce qu’ils font et tout ce qu’ils ordonnent aux autres de croire ou de faire, sous ce beau et spécieux prétexte de religion et de culte divin. Et voilà, encore un coup, comme les abus et comme les erreurs, les superstitions, les illusions et la tromperie se sont établis dans le monde, et comme ils s’y maintiennent au grand malheur des pauvres peuples, qui gémissent sous de si rudes et si pésans jougs.

Vous penserez peut-être, mes chers amis, que dans un si grand nombre de fausses religions qu’il y a dans le monde, mon intention seroit d’excepter au moins de ce nombre la religion catholique, dont nous faisons tous profession, et laquelle nous disons être la seule qui enseigne la pure vérité, la seule qui reconnoit et adore comme il faut le vrai dieu, et la seule qui conduit les hommes dans le véritable chemin du salut et d’une éternité bienheureuse ; mais désabusez-vous, mes chers amis, désabusez-vous de cela et généralement de tout ce que vos pieux ignorans, ou vos moqueurs et intéressés prêtres et docteurs s’empressent de vous dire et de vous faire accroire, sous le