Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

donner agréablement toute sorte de bon tems, pendant que les pauvres peuples abusés par les erreurs et par les superstitions de la religion, gémissent tristement, pauvrement et paisiblement néanmoins sous l’opression des grands, pendant qu’ils souffrent patiemment leurs peines, pendant qu’ils s’amusent vainement à prier des Dieux et des saints qui ne les entendent point, pendant qu’ils s’amusent à des dévotions vaines, pendant qu’ils accomplissent dévotement les pœnitences et les mortifications, qui leur ont été enjointes après la vaine et superstitieuse confession de leurs péchés, et enfin pendant que ces pauvres peuples s’épuisent jours et nuits au travail en suant sang et eau pour avoir chétivement de quoi vivre pour eux, et pour avoir de quoi fournir abondamment aux plaisirs et aux contentemens de ceux, qui les rendent si malheureux dans la vie.

Ah ! Mes chers amis, si vous connoissiez bien la vanité et la folie des erreurs, dont on vous entretient, sous prétexte de religion, et si vous connoissiez combien injustement et combien indignement on abuse de l’autorité, que l’on a usurpé sur vous, sous prétexte de vous gouverner, vous n’auriez certainement que du mépris pour tout ce que l’on vous fait adorer et respecter, et vous n’auriez que de la haine et que de l’indignation pour tous ceux, qui vous abusent, qui vous gouvernent si mal, et qui vous maltraitent si indignement. Il me souvient à ce sujet d’un souhait que faisoit autrefois un homme, qui n’avoit ni science ni étude ; mais qui, selon les aparences ne manquoit pas de bon sens pour juger sainement de tous les détestables abus et de toutes les détestables cérémonies, que je blâme